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Vie au bureauFaire du sport à la pause déjeuner, profiter d’une «pause nature» en extérieur à tout moment de la journée ou encore aller au travail à pied… Et si le bureau de demain permettait à ses salariés de se reconnecter à leur bien-être, leur quartier et leurs activités quotidiennes ? Regain d’inspiration et de motivation à la clé.
People sitting on a chair in front of their computer © Israel Andrade
People sitting on a chair in front of their computer © Israel Andrade
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Le cadre de travail contribue-t-il à l’efficacité des salariés ? Selon le baromètre de la qualité de vie au bureau réalisé sur l’année 2017-2018 par l’Observatoire Actineo avec l’institut Sociovision, près d’un salarié sur trois estime que les espace de travail doivent, en plus de permettre une amélioration du travail d’équipe, encourager la créativité.

Bénéficier de bureaux flexibles et lumineux, en lien direct avec la nature et connectés au quartier constituent quelques-unes des pistes actuellement explorées par les architectes pour améliorer le cadre de travail des salariés et ainsi adapter le bureau aux besoins d’aujourd’hui et de demain. De Nice à Paris, zoom sur trois projets innovants pour des journées inspirées.

Deskopolitan à Paris : un bâtiment, 1000 usages

Deskopolitan Voltaire, à Paris – Arch. Franklin Azzi © Deskopolitan

On y pénètre depuis une porte monumentale en fer forgée que l’inscription «Cusenier» surplombe. Au XIXe siècle, le 226 Boulevard Voltaire à Paris abrite le siège de la maison du même nom, fondée en 1868 par Eugène Cusenier, connue pour sa production de spiritueux. Aujourd’hui entièrement réhabilité par l’agence d’architecture Franklin Azzi pour accueillir depuis juin 2019, le projet du réseau d’espaces de co-working Deskopolitan, le site s’étend sur pas moins de 6 000 m² pour une multitude d’usages.

Si l’architecte Franklin Azzi estime qu’en Europe, l’habitude est davantage à la construction de «bâtiments mono-programmés», lui préfère travailler à l’échelle de «micro-programmes» qu’il estime, selon ses termes, «plus impactant sur le tissu urbain». «Le fait de proposer de nombreuses activités sur un même îlot permet aux gens de s’y rendre pour de multiples raisons, de créer des symbioses entre différents programmes, de travailler, de dormir, de faire son sport à proximité et finalement d’apporter l’oxygène nécessaire au lieu», assure ainsi l’architecte.

Deskopolitan Voltaire, à Paris - Arch. Franklin Azzi © WE ARE CONTENTS

Dormir, faire du sport, travailler, manger (au restaurant) ou laisser son enfant (à la crèche) sont autant de services proposés par Deskopolitan en un seul et même lieu. Une concentration locale des activités qui permet, selon Franklin Azzi, de pallier «à l’aberration environnementale» que constitue les longues distances entre le domicile et le lieu de travail tout en proposant une qualité des espaces.

Grandes hauteurs sous plafond et espaces lumineux, espaces verts et toit-terrasse constituent ainsi des «lieux capables» que les clients du Deskopolitan choisissent d’investir comme ils le souhaitent, sans pré-détermination d’usage. «On ne peut pas connaître le comportement humain dans 5 ou 10 ans mais mon but, en tant qu’architecte, c’est de faire tout ce que je peux dans mes projets, pour permettre aux usagers de se saisir, de s’approprier des lieux.»

Anis, le climat méditerranéen de Nice à Paris

Anis, à Nice - Arch. Nicolas Laisné, DREAM © Cyrille Weiner

Le climat en France nous permettra-t-il à tous, demain, de travailler depuis nos terrasses ? À en croire l’architecte Nicolas Laisné, les espaces extérieurs à nos espaces de bureau doivent plus que jamais être reconsidérés à l’aune des enjeux de dérèglement climatique actuellement à l’œuvre. À Nice, l’architecte livre le projet Anis, un bâtiment de bureau «adapté à un climat méditerranéen» par sa forme même. «Dans ce projet, vous avez de grands balcons pouvant aller jusqu’à 3,50 mètres de profondeur permettant à la fois de protéger du soleil mais aussi de travailler dehors.»

Ce à quoi s’ajoute un système de circulations extérieures inédit qui consiste à placer les escaliers, non plus, comme de coutume, au centre du bâtiment mais cette fois-ci au niveau des terrasses. «Tout en assurant une protection du feu, ce système permet de se servir des espaces comme de grands paliers en même temps qu’il libère complètement les plateaux de bureau», poursuit l’architecte.

Anis, à Nice – Arch. Nicolas Laisné, DREAM © Cyrille Weiner

Plus que des espaces de circulation, ces paliers, au même titre que le hall de l’immeuble ou les espaces de restauration, constituent des lieux de rencontre, de discussion et d’opportunités professionnelles estime l’architecte.

«Hier on se concentrait uniquement sur le poste de travail, aujourd’hui tous les espaces sont devenus importants du fait des modifications énormes de nos façons de travailler.»

Si Nicolas Laisné concède que les températures du nord de la France imposent, pour le moment, la construction d’une partie des circulations verticales en intérieur, il rappelle toutefois que le climat méditerranéen pourrait bientôt constituer une réalité pour tout le pays. «Il est important de penser l’architecture qui est adaptée à aujourd’hui, mais aussi aux problématiques climatiques de demain», appuie-t-il.

«Avec le temps, ce sont des bâtiments avec des débords [ndlr : un débord est une partie dépassant un alignement], qui disposent d’ombre pour travailler et d’espaces extérieurs qui seront adaptés aux conditions climatiques.» Et l’architecte de conclure :

«Créer des bâtiments qui dépensent moins d’énergie d’un côté et s’adaptent à ces nouveaux modes de vie, c’est le sens de notre architecture.»

Rue des Jeûneurs à Paris, la flexibilité comme maître-mot

Projet rue des Jeûneurs, à Paris - Arch. Studios Architecture © Stefano Candito

À l’issue d’une année passée majoritairement en télétravail, la question du retour au bureau se pose. «Que va-t-on faire au bureau qu’on ne puisse faire depuis chez nous ?», s'interrogeait en novembre dernier, l’architecte et associée principale de Studios Architecture, Alexandra Villegas. Rue des Jeûneurs à Paris, l’agence est à l’origine de la revalorisation et la transformation de deux immeubles du XIXe siècle en un ensemble de bureaux cohérent.

«Pour ce projet, nous nous sommes demandés comment on pouvait retravailler la structure des bâtiments pour avoir des plateaux aussi larges et flexibles que possible», détaille l’architecte Sophie Henley-Price. Fluidifier les parcours dans un ensemble contraint, créer de larges plateaux adaptables et apporter un maximum de lumière aux espaces de travail sont autant d’axes de réflexion que l’agence approfondit ainsi dans ce projet.

«Sur le long terme, la plupart des entreprises avec lesquelles on travaille s’orientent vers une organisation comprenant 2 à 3 jours de présence de ses employés par semaine seulement, reprend Alexandra Villegas. Ces jours au bureau seront donc dédiés à la circulation de l’information, la réflexion autour de projets transverses et la collaboration. Et pour favoriser ces missions, les espaces de travail doivent être organisés en conséquence.»

Projet rue des Jeûneurs, à Paris - Arch. Studios Architecture © Stefano Candito

Selon l’architecte, la multiplication de petits espaces de réunion notamment informels comme les «coins cafés», les «box de travail» ou encore un espace bibliothèque adapté constituent les grandes tendances du bureau de demain. «L’objectif pour nous c’est de créer des espaces vivants, même si peu de salariés sont en présence. Il faut créer les conditions de la rencontre, de la collaboration», renchérit-elle.

Un élément qui passe enfin par l’ouverture du bâtiment sur le quartier dans lequel il s’insère selon l’architecte, rejoignant ainsi Franklin Azzi sur ce point : «La diversité de l’offre d’un îlot, son ouverture sur la nature et sur le reste du quartier pour certains équipements sont autant d’éléments qui permettent d’offrir de la variété d’activités, d’ambiances et finalement créer des synergies y compris d’un point de vue économique et professionnel.»

Cet article, rédigé par la rédaction de tema.archi, a été initialement publié le 22 mars 2021 sur une plateforme en ligne à destination des agents du ministère de la Culture, à l'occasion du projet Camus qui vise à réorganiser les bâtiments de l'administration centrale du ministère.

Marie Crabié
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