Deux expositions sont présentées en ce moment à Paris autour de Camille Pissaro. Le musée Marmottan Monet retrace l’ensemble de la carrière du peintre, tandis que le musée du Luxembourg rassemble des paysages peints à une même période.
En ressort le portrait d'un artiste atypique dont le style a constamment évolué au fil de ses rencontres, mais aussi les images d'un pays dans ses multiples déclinaisons, la ruralité francilienne de la fin du XIXème siècle ainsi que la France des villes à Rouen, Dieppe, Le Havre ou Paris.
Camille Pissarro – Bords de la Marne – 1864 Huile sur toile – 81,9x107,9cm – Glasgow, Kelvingrove Art Gallery and Museum – © CSG CIC Glasgow Museums and Libraries Collections
Du paysage de campagne à l'effervescence de la ville
Œuvrant d’abord dans la tradition du paysage français avec une représentation la plus fidèle possible de la réalité, Pissarro s’en émancipe dans le courant des années 1860, continuant toutefois de peindre la nature avec désormais moins de minutie dans la représentation du détail, les couleurs contrastées et l'intensité de l'instant est croquée par une technique brossée.
Plus tard, le peintre éclaircit sa palette, s’installe en plein air comme ses amis impressionnistes, diversifie ses techniques dans sa propriété d'Eragny, s’essaie au pointillisme avec les néo-impressionnistes puis renouvelle ses motifs.
Camille Pissarro, Le Clocher d’Eragny vu de l’atelier, 1894, huile sur toile, 35 x 27 cm, collection particulière, Droits réservés
Il découvre alors la ville avec son mouvement, ses quartiers et ses monuments. Pissarro joue en sans cesse avec les effets de la lumière, et reproduit en série un même sujet à différents moments de la journée, par tous les temps. Nous y découvrons l’effervescence dans les ports, Paris à travers ses ponts et ses avenues haussmanniennes, et nombre de monuments de la capitale.
La ville comme terrain d'expérimentation
Dans ses tableaux du début du vingtième siècle, Pissarro attire notre attention sur la lumière et l’influence qu’elle a sur la couleur, non plus seulement dans la nature mais aussi dans la ville. A croire que le paysage urbain n'a été qu'un prétexte pour traiter les variations lumineuses des différents moments de la journée.
A moins que le peintre ait aussi voulu nous sensibiliser à la richesse de nos villes, de nos paysages, et plus largement de l'environnement qui nous entoure, au-delà même de celui qu'il a aimé représenter.
Le Pont-Neuf, après-midi, soleil, première série 1901 Huile sur toile 73 x 92, 1 cm Philadelphie, Philadelphia Museum of Art Legs de Charlotte Dorrance Wright, 1978