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EntretienLes architectes ont dû, en période de confinement revoir toute l'organisation de leur agence. Qu'en est-il de la reprise de leur activité un mois après le déconfinement, et quelle sera selon eux l'architecture d'après ? Élise Giordano, architecte et co-fondatrice de l'Atelier Aïno à Marseille répond à nos interrogations.
Élise Giordano, Charlotte Lovera et Louise Dubois de l'Atelier Aïno © Atelier Aïno, Nadia El Khalfi
Élise Giordano, Charlotte Lovera et Louise Dubois de l'Atelier Aïno © Atelier Aïno, Nadia El Khalfi
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Faire mieux mais moins, ce pourrait bien être une des leçons tirées de la période de confinement. Architecte au sein de l'Atelier Aïno qu'elle co-fondait en 2016 avec Charlotte Lovera et Louise Dubois, Élise Giordano invite à, plus que jamais, prendre le temps pour co-construire et apporter du soin aux petites choses, les révéler et leur donner du sens. Entretien.

tema.archi : Diriez-vous, qu'à l'annonce du confinement, vous étiez prêtes en terme d'organisation du travail ?

Élise Giordano : À l'annonce du confinement, nous n'étions pas aussi au fait à Marseille qu'à Paris. Nous n'étions pas tout à fait conscientes que le confinement allait être annoncé. Alors on a rapidement rapatrié nos ordinateurs chacune chez soi pour s'organiser en télétravail. Nous avons pu télétravailler depuis chez nous sans grande difficulté bien que la situation ait été assez inédite pour tout le monde je pense. Nous avons suivi les informations et essayé de comprendre quelles étaient nos obligations vis à vis de nos salariés, les déclarations pour mettre en place une situation de chômage partiel et réfléchi à nos perte d'activité.

Quel a été l'impact de la crise sanitaire sur l'activité de votre agence ?

Nous avions des études en cours au moment du confinement, mais nous n'avons pas connu d'arrêt net de notre activité. Le travail d'architecte c'est par définition, beaucoup de travail en amont d'un projet et ensuite seulement on peut espérer un retour sur investissement. Il y a aussi eu des concours, dont les délais étaient déjà allongés par rapport au calendrier traditionnel autrement dit du fait des élections municipales, donc avec le confinement ces calendriers ont une fois de plus été rallongés.

Tout ça est venu exacerbé une situation qui est déjà un peu tendue et constante dans la profession, la profession "fait que ça fonctionne de cette manière, en dent de scie même si on s'est créée des outils financiers qui nous permettent aujourd'hui de voir à plus ou moins long terme.

Que tirez-vous, pour la suite, de cette période contrainte ?

Cette période nous a permis d’être dans la production a nouveau toutes les quatre. En tant que dirigeante, les fonctions supports prennent souvent beaucoup de temps, le démarchage, les déplacements etc. Notre temps de production s'en trouvent réduit et le fait d'avoir eu une pause excepté pour l'administratif et les études en cours ça nous a permis d'être d'autant plus efficace, de pouvoir avancer et approfondir les éléments sur lesquels nous travaillions déjà.

La flexibilité de travailler depuis chez nous, nous l'avions déjà développée depuis quelques temps notamment grâce à un logiciel qui nous permet de travailler en projet partagé, au moins au niveau des études, c'est possible de travailler à distance avec nos outils numériques. Ça n'a pas été un gros frein à ce niveau là. Par contre, il est vrai que le fait de ne pas avoir l'ambiance du bureau, ça n'est pas évident. Lorsqu'on est ensemble, ça fait plaisir et puis tout est plus simple pour échanger et à la fois chez soi, on a l'avantage de travailler à son rythme, de ne pas être tout le temps déconcentré. Les deux ont leurs avantages et inconvénients. Pour autant, je ne pense pas qu'il y ait un avant/après confinement à partir duquel on pourrait réorganiser notre fonctionnement.

Dans un entretien accordé à AMC dans le courant du mois d'avril, vous parliez d’incertitudes auxquelles vous devriez faire face dans les mois à venir. La situation est-elle un peu plus claire aujourd’hui ?

On fait partie d’un concours qui a été remporté tout récemment [celui de l'Arena Porte de la Chapelle à Paris dans le cadre du chantier des Jeux Olympiques 2024], ça nous a rassuré, ça a l’air de repartir.

Qu'en est-il de votre organisation depuis le début du déconfinement ? Comment co-construisez-vous en cette période ?

C'est l'une de nos missions du moment, de trouver des possibilités pour continuer de co-construire notamment en réfléchissant à des outils numériques qui viendraient en complément d'outils physiques, pour réfléchir à certains projets sous forme d'ateliers participatifs par exemple.

Nous aimerions par ailleurs laisser passer un peu de temps, pour organiser des ateliers de rencontres humaines et physiques. On ne peut pas s'en passer, le métalangage tout ce qu'on ressent quand on est dans une pièce a une réelle importance dans les projets que nous concevons. Cette énergie, cette émulation, nous souhaitons progressivement la retrouver.

On entend beaucoup de gens parler du « monde d'après », dans lequel naitrait une « architecture d'après ». Quels sont vos pronostiques à vous, en tant qu'architecte ?

Je pense que dans tous les cas, le fait d'avoir un espace extérieur, de pouvoir s'isoler dans son logement sont des choses déjà inhérentes à chacun de nos projets. Mais globalement, j'ai l'impression que la crise sanitaire nous a fait aussi réfléchir sur "quoi faire" et surtout "quoi faire autrement". J'ai trouvé intéressant en période de confinement de retrouver le soin de faire des choses. Le fait de faire attention à de petits éléments, de les révéler, de leur donner du sens. Ça revient à l'idée de ralentir, et peut-être sur le long terme, de faire moins mais mieux.

Marie Crabié
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