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Comment habite-t-on ? (1)Premier épisode de notre nouvelle série qui interroge notre manière d'habiter un lieu. Architectes, sociologues, psychanalystes et habitants, ils nous apportent leur témoignage éclairant. Pour commencer, l'architecte Nadège Leroux précise le "sens d'habiter" entre appropriation de l'espace et recherche d'intimité.
City of Nice, France © Amélien Bayle (CC BY-NC 2.0)
City of Nice, France © Amélien Bayle (CC BY-NC 2.0)
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Outils indispensable à l’intégration sociale, véritable apparat et prolongement de l’être, l’habitat renvoie au concept d’appropriation par l’homme, d’un lieu qu’il a fait sien, par sa capacité à l’occuper et à l’aménager. « L’appropriation permet la maîtrise de l’espace, autant privé que public » appuie l’architecte et associée de l’atelier Plan sphère Nadège Leroux, « habiter, c’est "être" tous les espaces à la fois afin qu’ils prennent sens ».

Intimité et appropriation

Dans l’article Qu'est-ce qu'habiter ? Les enjeux de l'habiter pour la réinsertion qu’elle publiait en 2008 dans la revue VST - Vie sociale et traitements, l’architecte interroge — dans la lignée des travaux de la sociologue Perla Serfaty-Garzon— le rapport de l’être humain à l’espace qu’il habite, son besoin d’appropriation du lieu par ses usages et ses objets, et la nécessaire intimité qui en découle. « Se sentir chez-soi, c’est être capable de se créer des espaces d’intimité où l’on se sent à son aise, poursuit-elle, c’est un lieu de référence et un outils de construction de soi ».

Bien loin de s’arrêter au pas de notre porte, le sens d’habiter désigne tous les usages que nous faisons de notre environnement et évolue à mesure que l’on investit un lieu. « Nous habitons un appartement ou une maison, mais aussi notre rue puis notre quartier à mesure que nous nous créons des repères spacio-temporels, d’activité et de commerces » précise Nadège Leroux.

Une relation homme/demeure

Au sens large du terme, habiter équivaudrait finalement au fait de vivre, l’homme ayant « toujours eu besoin de s’abriter, de se protéger et de s’approprier des espaces » confirme l’architecte.

En témoigne notamment le traité d’architecture que le romain Vitruve développe dès le 1er siècle avant J.C et dans lequel il évoque déjà le concept de cabane primitive. Si dans sa conception et sa forme, ce type d’habitat diffère de nos logements contemporains, il a ainsi pour vocation de satisfaire le même besoin vital de se bâtir un chez-soi. L'action d’habiter réside dès lors dans la relation que l’homme entretient à sa demeure, peu importe ses caractéristiques.

Espace temps

Particulièrement intéressée par la « toute petite échelle » dans la pratique de son métier, Nadège Leroux travaille à identifier des zones et petits espaces qui permettent, même dans un 18m² partagé par un couple, de se sentir à son aise. Elle précise :

«Pour chaque zone identifiée, correspond une activité et un usage pour différents moments de la journée.»

En travaillant à partir du parcours et des espaces de transition entre chacune des zones, l'architecte constitue ainsi des sas qui relient les espaces de manière harmonieuse. « Prenez l'entrée d'un appartement, cet espace a son importance pour ce qu'il symbolise, explique-t-elle, le tout c'est de pouvoir le matérialiser par des claustras en bois par exemple. Ces aménagements, même simples peuvent changer toute notre perception du lieu. »

Une ouverture sur le monde

En ces temps de confinement, elle ajoute l’importance du lien avec le monde extérieur par la présence de vues donnant sur la rue. « Certains regardent, d’autres pas du tout mais je pense que se sentir bien chez-soi réside aussi dans le fait d’avoir et de se laisser le choix. »



À l'instar du célèbre cabanon de Le Corbusier, son « château sur la Côte d'Azur » de 15m² comme il se plaisait à l'appeler ou chaque recoin — un coin-travail, un coin-repos, un coin salle de bain et des rangements — est identifié. Un espace minimal mais néanmoins infini grâce aux ouvertures donnant sur l'horizon et la mer.

Marie Crabié
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